Sueurs froides, tremblements, chair de poule : autant de signes bien connus de la peur. Comment fonctionne cette émotion, dont le rôle primordial est d’assurer la survie des individus qui la ressente ? Quels mécanismes cérébraux sont impliqués dans les réactions comportementales de la peur ? Voyons tout cela ensemble.
Qu’est-ce que la peur ?
La peur est l’une des 6 émotions universelles, aussi appelées émotions primaires, identifiées par le psychologue Paul Eckman dans les années 1970. Elle est généralement ressentie en présence d’un danger et permet d’y répondre par un comportement de fuite ou de combat. On parle également de réponse comportementale combat-fuite.
Distinguer peur et angoisse
Il est important de bien discerner peur et angoisse. En effet, les deux émotions sont proches mais ne se manifestent pas dans les mêmes situations.
La peur est une émotion qui va être ressenti face ou dans la perspective d’une menace. Qu’il s’agisse d’un individu ou d’une situation, ce danger est identifié et menace notre intégrité physique ou morale.
L’angoisse pour sa part, est tournée vers un danger indéterminé. Cette émotion peut résulter d’une peur prolongée ou répétée et génère un stress qui peut être intense, voire chronique. A son paroxysme, l’angoisse peut se transformer en véritable crise de panique.
A quoi sert la peur ?
Bien que l’on ne puisse pas dater l’apparition de la peur, cette émotion compte certainement parmi les plus anciennes du monde animal. Ce pour une raison toute simple : la peur permet de survivre !
En effet, c’est par cette réaction que les êtres vivants ont fui et combattu divers dangers au fil du temps, en particulier des prédateurs. On suppose même que la peur des serpents et araignées soit un héritage évolutif. Ces animaux représentaient un danger autrement plus grands pour la survie de nos ancêtres que pour la nôtre.

Comment fonctionne la peur ?
A la base de la peur, on trouve un danger. Face à celui-ci, le schéma réactif est globalement identique pour tous les vertébrés. Une fois une menace identifiée, vous allez ainsi vous immobiliser et vous tourner vers la source du danger. Jusqu’à ce que le cerveau ait analysé la situation et décidé de la marche à suivre (fuite ou combat), vous resterez parfaitement fixe.
C’est ce qui arrive à un animal qui se retrouve pris la nuit dans les phares d’une voiture.
Globalement, la peur résulte de l’activation de structures cérébrales qui engendre un sentiment de danger immédiat et des réactions physiologiques variées.
Des manifestations physiologiques visibles
Alors que vous marchez tranquillement sur un chemin forestier, vos yeux distingue une forme allongée à vos pieds, qui s’enfuit à quelques pas de vous. Un serpent. Vous sursautez, votre rythme cardiaque s’accélère, vous vous mettez à transpirer, à trembler et avez la chair de poule. En prime, peut-être n’avez-vous pu retenir un cri ?
Voilà un florilège des différentes manifestations physiologiques que peut provoquer la peur. Toutefois, cette émotion peut s’exprimer de diverses façons selon les personnes et surtout, à différents degrés d’intensité.
Toutefois, ces signes physiologiques ne sont que les réponses aux ordre envoyés par notre super ordinateur central : le cerveau.
L’amygdale, une région clé du cerveau dans la gestion de la peur

C’est une structure située en profondeur de notre cerveau, dans les lobes temporaux, qui va gérer la peur : l’amygdale. Ou plus exactement, les amygdales, une dans chaque lobe. Néanmoins, nous l’écrirons au singulier dans ce dossier, pour ne pas confondre avec les amygdales situées dans la gorge, qui font partie intégrante du système immunitaire.
Il existe de nombreuses voies d’acheminement des stimuli extérieurs vers l’amygdale, ce centre de la peur de notre encéphale. Qu’il s’agisse de la vue, du toucher ou de l’ouïe, les organes qui ont capté le message vont le faire remonter jusque dans l’amygdale en utilisant deux types de circuits : une voie courte et une voie longue.
La voie courte répond dans l’urgence
La voie courte, comme son nom l’indique, à pour rôle de transmettre au plus vite l’information du danger à l’amygdale afin d’y répondre en urgence, par l’action. Très rapide, cette voie cérébrale est aussi moins précise : il y a donc un risque plus grand de mal interpréter la menace.
C’est ce qui fait que l’on peut se retrouver à faire un bond en confondant une ombre biscornue avec une énorme araignée, ou qu’un chat sursaute si l’on place un concombre derrière lui, qui rappelle le serpent, un prédateur éventuel du félin.
Durant leur cheminement le long du circuit court de la peur, les informations seront envoyées en parallèle sur un second chemin : la voie longue.
La voie longue analyse le danger
Le rôle de la voie lente est d’apporter une réponse adaptée à la situation, grâce à la réflexion. Pour ce faire, les informations sensorielles issues de l’environnement transitent par les aires corticales du cerveau.
Ce sont ces aires qui vont analyser les informations puis faire adopter à l’individu un comportement de fuite, privilégié, ou de combat si la retraite est coupée, par exemple.
De quoi avons-nous peur ?
La peur est une émotion ancestrale, un instinct de survie initialement dirigé contre les prédateurs. Mais l’être humain est complexe, aussi le sentiment de peur peut avoir des origines multiples, aussi bien internes qu’externes.
A émotion universelle, causes universelles
De nombreuses causes de peurs seraient partagées par les êtres humains, partout sur la planète. On retrouve ainsi celle :
- des fantômes,
- des souvenirs de guerre
- de la mort,
- des serpents,
- de la hauteur,
- des orages,
- des espaces restreints.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive mais illustre la diversité des origines de cette émotion.

Quid de la phobie ?
La phobie est une forme de peur démesurée, irraisonnée et irrationnelle, qui fait partie des troubles anxieux. Elle est davantage liée à un ressenti qu’à une cause réelle et peut être tournée vers des origines aussi multiples que les peurs.
C’est spécifiquement le caractère irrationnel, inhérent à un danger irréel, qui permet de distinguer la phobie de la peur.
Pour conclure, je vous propose d’illustrer la différence entre les deux avec l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie. Ce terme désigne la phobie… des mots longs ! Paradoxal, non ? Toujours est-il que vous comprenez bien le caractère irrationnel de la phobie, qui ne représente pas un danger physique (quoique cela reste à déterminer pour l’aspect moral) imminent.