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Distanciation sociale : certains animaux la pratiquent aussi

    Si la crise liée au coronavirus responsable de la Covid-19 nous contraigne à des mesures de distanciation sociale totalement nouvelles pour nos sociétés, certains animaux eux, les ont adoptés depuis bien longtemps. Pour éviter de tomber malades, certaines espèces pratiquent en effet la distanciation sociale. Regard sur une étude qui remet en perspective nos propres comportements.

    La distanciation sociale, un processus évolutif

    D’après les travaux d’une équipe de scientifiques, dont les résultats ont été publiés dans la revue Trends in Ecology & Evolution, la distanciation sociale n’est pas un fait inconnu pour certaines espèces animales.

    En effet, si le partage d’informations et la cohésion sociale constituent le ciment de l’humanité, la crise liée à la Covid-19 nous contraint à renoncer à des comportements culturels profondément ancrés dans notre quotidien. Néanmoins, alors que l’être humain se trouve pris au dépourvu par l’abandon des bises, poignées de mains et autres embrassades, d’autres espèces animales ont évolué depuis plusieurs millions d’années pour faire face à leurs propres crises sanitaires.

    Ainsi, trois éthologues ont étudié différentes pressions écologiques qui construisent les sociétés animales. Parmi elles, l’accès à l’information sociale pour bénéficier d’une source de nourriture importante, ou évitement de pathogènes qui se propagent par la proximité entre individus.

    D’après le communiqué de presse publié le 31 août 2020 par le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), il ressort de ces travaux scientifiques que la distanciation sociale est une stratégie évolutive pratiquée par de nombreuses espèces animales. En cas d’épidémie dans un groupe social, les différents individus vont ainsi spontanément modifier leurs comportements sociaux habituels pour créer une distanciation sociale avec leurs congénères malades.

    Quels animaux pratiquent la distanciation sociale ?

    Les scientifiques ont observé des comportements de distanciation sociale chez deux espèces, très éloignées l’une de l’autre mais vivant toutes deux dans des groupes sociaux organisés : le mandrill et la fourmi.

    Restriction des toilettages sociaux chez le mandrill

    Chez le mandrill, un singe apparenté au babouin, le toilettage entre congénères a une réelle fonction sociale. Des expériences ont mis en évidence que lorsque des mandrills sont infectés par un parasite, le taux de toilettage social diminue au sein du groupe. A contrario, une fois le singes traités, le taux de toilettage social augmente de nouveau.

    Les scientifiques avancent la théorie que le le taux de parasitisme d’un individu serait évalué par ses congénères à l’aide de leur odorat. Cependant, des études plus poussées doivent être réalisées pour valider ou invalider cette hypothèse.

    Protection de la reine et du couvain chez la fourmi

    Les fourmis vivent en gigantesques colonies parfaitement organisées. En cas d’infection par un pathogène, les chercheurs observent deux types de comportements :

    • les fourmis malades se mettent elles-mêmes à l’écart du groupe,
    • les individus sains diminuent les contacts entre eux et favorisent les petits groupes,
    • les membres de la colonie privilégient la communication à l’aide de molécules appelées “phéromones”.

    Au sein des colonies de fourmis, la mise en place d’une distanciation sociale vise notamment à protéger la reine et le couvain.

    La distanciation sociale des animaux, pour inspirer celle des humains ?

    Les mécanismes de distanciation sociale ne se limitent pas au mandrill et à la fourmi. La souris, le homard ou encore le guppy, un poisson d’eau douce tropical, font eux aussi montre de ce type de comportement pour évincer les maladies au sein d’un groupe.

    Le coronavirus ayant engendré la crise de la Covid-19 était initialement un virus animal qui s’est transmis à l’Homme. Ainsi l’interconnexion du monde vivant nous rappelle que l’être humain n’est pas sur un piédestal. Il fait partie intégrante de cette planète, aussi il est primordial de considérer nos interactions avec notre environnement et les autres êtres vivants. Ceci, afin d’éviter au mieux la survenue de prochaines crises sanitaires de l’ampleur de la Covid-19.