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Corrélation n’est pas causalité : à la découverte de l’effet cigogne

    En zététique (que l’on appelle plus couramment « la science du doute »), l’effet cigogne correspond à la confusion régulière entre corrélation et causalité. Elle amène à de nombreux raccourcis trompeurs dans les médias, les raisonnements dits « de bon sens », mais également au sein de la communauté scientifique. Pour développer notre esprit critique et lutter contre les fake news, un point sur le sujet s’impose.

    Corrélation VS causalité : qu’est-ce que l’effet cigogne ?

    Qu’est-ce que la corrélation ?

    En statistiques, la corrélation correspond à une évolution similaire entre deux événements distincts : on parle alors de corrélation positive (voir la Figure 1). Dans le cas où les données évoluent en sens inverse, on parle de corrélation négative.

    Corrélation positive entre la population mondiale et les émissions de carbone

    Pour l’illustrer, présentons l’effet cigogne. Dans cet exemple, on se réfère à la similitude des données entre le nombre de nids de cigognes dans une commune et le nombre de naissances humaines.

    « On dénombre davantage de nids de cigognes à la campagne qu’en ville. La natalité (nombre de naissances) est plus élevée en milieu rural qu’urbain. »

    On parle d’une corrélation entre le nombre de cigognes et le nombre de naissances.

    Qu’est-ce que la causalité ?

    La causalité quant à elle, se définit comme le lien de cause à effet entre deux événements. Ainsi pour reprendre notre exemple précédent de l’effet cigogne, on pourrait avoir le raisonnement suivant :

    « Comme il y a plus de naissance à la campagne, là où l’on compte davantage de cigognes, qu’en ville, c’est bien la preuve que celles-ci apportent les bébés. »

    Vous sentez venir l’embrouille ? Vous avez raison ! Décortiquons plus précisément cet effet cigogne.

    Qu’est-ce que l’effet cigogne ?

    Maintenant que vous avez compris ce que sont la corrélation et la causalité, résumons simplement l’effet cigogne.

    1. Un événement A est corrélé à un événement B.
    2. Donc A cause B.

    Simple, n’est-ce pas ? Nous sommes pourtant en plein sophisme, car par cette erreur de raisonnement, on confond totalement corrélation et causalité. En effet, on pourrait également envisager les possibilités suivantes :

    • B cause A ;
    • A et B ont une cause commune C ;
    • A et B sont accidentellement liés, ils n’ont en réalité aucun lien de causalité.

    Vous l’aurez compris : il n’est pas possible de conclure à l’existence d’une relation de cause à effet entre deux événements simplement car ceux-ci sont corrélés. Pour ce faire, des investigations plus poussées devront être menées.

    Dans le cas de notre effet cigogne, on peut ainsi chercher une autre explication, plus cohérente que celle développée précédemment. Ces oiseaux nichent plus fréquemment dans les communes rurales que dans les grandes villes, or il se trouve que la natalité est plus forte dans les villages qu’en milieu urbanisé. Corrélation n’est pas causalité.

    Si le phénomène vous semble encore quelque peu obscur, je vous propose de visionner cette excellente vidéo de « La statistique expliquée à mon chat », qui vulgarise excellemment l’effet cigogne :

    “Chocolat, corrélation et moustache de chat”, de la chaîne YouTube “La statistique expliquée à mon chat”.

    Le faux ami de l’effet cigogne

    Nous l’avons vu et compris, l’effet cigogne est une erreur de raisonnement dans laquelle on confond corrélation et causalité. En latin, on définit l’effet cigogne comme ceci : Cum hoc, ergo propter hoc, soit Avec cela, donc à cause de cela.

    « Si A et B évoluent de la même manière, alors c’est que l’un est la cause de l’autre. »

    Il existe cependant une autre expression, si proche de l’effet cigogne qu’ils sont fréquemment confondus : Post hoc, ergo propter hoc, soit Après cela, donc à cause de cela. Notez la distinction « après » : on confond ici la succession et la causalité.

    « Si A et B se suivent dans le temps, alors A est forcément la cause de B. »

    Pourquoi se méfier de l’effet cigogne ?

    Il est important de savoir dissocier corrélation et causalité, afin d’affiner son esprit critique et, entre autres, de lutter contre l’effet cigogne souvent présent notamment dans les fake news, ces informations volontairement fausses ou détournées. Ces dernières sont en effet de plus en plus présentes, du fait notamment d’une diffusion facilitée et grandissante via les réseaux sociaux.

    Ainsi, discerner la corrélation de la causalité constitue l’un des multiples outils permettant de prendre du recul sur les informations que vous pouvez lire, entendre et voir quotidiennement dans les médias, quels qu’ils soient.

    En effet si la corrélation peut être source d’interrogations, la confondre avec la causalité s’avère un raccourci rapide et instinctif, mais potentiellement dangereux.

    Développer l’esprit critique permet de se protéger contre les hoax

    Corrélation et causalité : quelques exemple

    Afin de terminer sur une note agréable, je vous propose de découvrir quelques exemples classiques et liens ludiques illustrant l’effet cigogne.

    Plus les éoliennes tournent vite, plus il y a de vent. Ce sont donc les éoliennes qui créent le vent.

    Dormir avec ses chaussures est corrélé au fait de se réveiller avec un mal de crâne. S’assoupir en chaussures fait donc mal à la tête (l’art d’éclipser sa consommation d’alcool au cours de la soirée qui a précédé l’événement).

    Le pastafarisme (initialement une parodie de religion), s’appuie sur une corrélation négative entre le nombre de pirates et la température moyenne sur Terre pour expliquer que le réchauffement climatique est une conséquence directe du déclin de ceux-ci.

    Je vous recommande également de vous rendre sur le site Spurious Correlations (littéralement « corrélations fallacieuses ») pour plus d’exemples parodiques. Egalement, le générateur aléatoire de comparaisons absurdes proposé par Les Décodeurs du site Le Monde saura, je l’espère, vous distraire un moment.